Le métier de dresseur existe depuis les origines du cinéma. Mieux que n’importe quel acteur, les animaux ont le don d’enchanter les histoires qui vous sont narrées devant la caméra. Afin d’obtenir de la part de la boule de poils ou de plumes l’action souhaitée par le réalisateur, le dresseur a recours à l’éducation positive. Une méthode d’apprentissage largement adoptée dans les zoos pour les soins des mammifères les plus impressionnants. Suivez le guide pour découvrir les secrets des dresseurs et des soigneurs animaliers !

Dressage ou éducation ?

Avant de s’immerger dans l’univers captivant du cinéma, il convient d’éclaircir une confusion bien trop profondément ancrée dans les esprits. Le dresseur de chiens, ou de tout autre animal, n’exerce pas la même activité que l’éducateur canin. Or, on imagine souvent à tort qu’employer le terme « éducation » confère un sens plus pédagogique à l’activité du dresseur, à son grand détriment. En conséquence, certains professionnels du monde animal utilisent des terminologies diverses et variées dans le seul but de ne pas se voir apposer une étiquette faussée.

Dans les zoos, on parle ainsi de « soigneurs » pour désigner les « dresseurs ». Pourtant, le dresseur, que ses partenaires soient des chiens ou d’autre animaux, utilise une multitude de processus d’apprentissage et procède par récompenses, contrairement aux idées reçues qui veulent que le professionnel du dressage ne se serve que des méthodes coercitives pour obtenir un sujet n’obéissant que par la force et la crainte. Tout comme l’éducateur canin, le dresseur peut parfaitement privilégier le renforcement positif car pour parvenir au résultat escompté, la motivation de l’animal demeure primordiale. Avec de l’amour, de la douceur et de la persévérance, le dresseur aboutit lui aussi à une réelle osmose avec son élève à quatre pattes.

L’apprentissage par le jeu

En tant que spectateur, il est parfaitement légitime de s’interroger sur ce qui peut bien se passer dans les coulisses d’un tournage. Et ceci est d’autant plus vrai lorsque l’on reste ébahi devant les prouesses des animaux, qui d’ailleurs semblent particulièrement à l’aise devant la caméra. Le métier de dresseur du grand écran fascine tout autant que l’univers du cinéma. Et pourtant, les professionnels s’accordent tous sur un point : préparer un animal pour un film est davantage un plaisir qu’un travail. L’apprentissage est encore plus facile avec le chien, et c’est tout à fait logique puisqu’il est domestiqué depuis des millénaires et qu’il a pris l’habitude de vivre aux côtés des hommes.

Naturellement soucieux de satisfaire les exigences de son maître, il comprend très vite ce qu’on lui demande, surtout avec une approche positive. Rien de telle qu’une friandise pour récompenser un chien qui a réalisé l’action attendue ! Une séance de jeu, des caresses ou des félicitations à profusion sont également très efficaces pour encourager le chien à exécuter des cascades spectaculaires. Bien évidemment, la méthode d’éducation positive est adaptable à toutes les espèces animales. Au zoo, le soigneur animalier met également en place des sessions de jeu pour soigner ses petits comme ses gros protégés. Plutôt que de les capturer, le professionnel renforce le comportement souhaité en récompensant systématiquement l’animal qui a bien agi. Cela lui évite d’imposer du stress aux pensionnaires du zoo ou encore de les anesthésier, un procédé médical jugé dangereux et difficilement maîtrisable avec des animaux sauvages en captivité.

Une bonne dose de patience

La patience est l’un des plus grands secrets pour déclencher de la part d’un animal le comportement désiré. Véritable metteur en scène pour animaux, le dresseur peut passer de longues heures à travailler pour que l’action demandée se produise, même si l’exercice paraît simple. Le professionnel doit avant tout s’adapter à son partenaire. Par exemple, exiger qu’un chien aboie au bon moment n’est pas chose aisée s’il ne s’agit pas d’un chien de garde.

Le dresseur doit alors renforcer les aboiements en positif, et non pas dans un esprit de garde, pour le conditionner à japper sur commande. De même, obtenir un assis à un endroit précis sans bouger d’une patte demande de répéter l’exercice jusqu’à ce que le chien soit en mesure de jouer son rôle à la perfection. Dans le film The Artist, le célèbre Jack Russell terrier qui répond au nom de Uggie, a travaillé longuement en positif avec son dresseur pour plaire au réalisateur. Et le résultat est là puisque la comédie française a rencontré un succès phénoménal, au point d’être récompensée par 5 oscars ! Le mérite revient en grande partie à Uggie, qui a reçu le prix de la meilleure interprétation canine.

Ménager les animaux à l’aide de doublures

Les animaux sont comme les enfants : leur attention a tendance à être éphémère. Il apparaît alors nécessaire de prévoir des temps de pause assez longs. Il en va de leur motivation, mais aussi de leur bien-être. C’est la raison pour laquelle les réalisateurs emploient fréquemment des doublures, comme cela a été le cas pour le film Croc Blanc. Le spectateur non averti reste épaté devant les meutes de loups qui semblent avoir été filmés à leur insu, mais aussi par les péripéties du héros à quatre pattes. En y regardant de plus près, on remarque toutefois que le rôle principal est occupé par plusieurs chiens. Encore plus bluffant, des races telles que le chien loup tchèque, le malamute de l’Alaska et le husky se glissent sans que personne ne s’en rende compte dans la peau de véritables loups !

Application de l’éducation positive dans les zoos pour les soins des gros mammifères

Le concept d’éducation positive est tout naturellement appliqué par les soigneurs au sein des zoos. Cette méthode se base sur une approche comportementale de l’animal, afin de parvenir à soigner les petits et les plus gros pensionnaires avec une attention toute particulière. Les équipes favorisent bien entendu la récompense et, dans le même temps, leur intervention ne se fait jamais sans prendre en considération chacun des animaux tant d’un point de vue émotionnel que caractériel.

Pour les approcher et effectuer les soins médicaux nécessaires, les soigneurs préfèrent éviter autant que possible l’anesthésie. S’agissant des otaries, les endormir médicalement ferait encourir un risque d’apnée bien trop important et l’issue peut alors leur être fatale. Grâce à l’éducation positive, ces gros mammifères marins se laissent manipuler sans aucune crainte et les soigneurs ont ainsi l’opportunité d’effectuer un examen clinique complet dans une atmosphère détendue. En travaillant au quotidien avec cette méthode qui privilégie le renforcement positif, une relation de confiance s’installe au fil des entraînements entre l’homme et l’animal.

Et c’est ce genre de rapport qui conduit à la coopération volontaire et pacifique de l’animal, pour que le soigneur puisse procéder à ses soins tout en sécurité. La technique de l’éducation positive fonctionne aussi à merveille pour les éléphants. Particulièrement difficiles à maîtriser à cause de leur taille colossale et leur caractère quelque peu colérique, les pachydermes s’adoucissent immédiatement à la simple vue d’une rondelle de pomme. Pour qu’un soigneur puisse limer les pieds d’un éléphant sans danger, il est nécessaire qu’il les lui présente un par un. Les exercices ludiques se répètent alors avec une extrême rigueur et dès que l’éléphant fait ce que le soigneur attend de lui, ses friandises favorites lui sont généreusement distribuées ! Palpations abdominales, examen minutieux de la bouche, nettoyage de la peau sont autant de soins que le professionnel doit pouvoir prodiguer régulièrement pour prévenir dans la durée le bien-être de ces puissants mammifères.

Lorsque l’on sait qu’un mâle peut peser plus de 7 tonnes et que les défenses de ses géants peuvent mesurer 3 mètres de long pour un poids de 100 kilos chacune, on se rend compte à quel point l’éducation positive peut s’avérer efficace ! Les soigneurs dans les zoos utilisent cette technique bienveillante avec les autres pensionnaires et ce sont autant d’animaux sauvages captifs comme les ours, les pandas, les lémuriens, les rapaces ou encore les guépards et les hippopotames qui se prêtent bien volontiers aux séquences d’apprentissage. Intégrée à leur quotidien, la méthode de l’éducation positive apparaît désormais indispensable pour intervenir plus facilement pour les soins et réduire le stress de façon optimale.

L’éducation positive pour favoriser le bien-être des animaux sauvages captifs

En prenant le contre-pied des méthodes coercitives du dressage traditionnelle, le concept de l’éducation positive fonctionne avec toutes les espèces animales, peu importe l’âge et l’histoire de la boule de poils, de plumes ou d’écailles… Et c’est pareil s’agissant de l’être humain ! Plutôt que de se servir de la force pour éviter une attitude indésirable, les soigneurs récompensent l’animal qui a manifesté le comportement souhaité, ce qui est un gage de motivation. L’animal va en effet avoir envie de reproduire une action désirée par son soigneur puisqu’il sait qu’en retour, il recevra une friandise, une caresse ou qu’il pourra jouer. Par conséquent, les apprentissages se font beaucoup plus rapidement et sont également plus solides dans le temps.

Finalement, il n’y a rien d’invraisemblable à cela car il est plus facile d’apprendre dans une atmosphère bienveillante en compagnie d’une personne que l’on apprécie, plutôt qu’avec quelqu’un qui nous impose un rapport de force. Pour le bien-être des animaux sauvages vivant en captivité, l’éducation positive permet d’enrayer les éventuels problèmes de comportement la plupart du temps liés à l’ennui. Ils n’ont plus la possibilité d’exprimer complètement leur instinct naturel et certains peuvent se mettre à adopter des attitudes qui se répètent sans cesse. Par exemple, il n’est malheureusement pas rare de voir un éléphant se balancer sur un pied, puis sur l’autre tel un automatisme, tout en ébrouant la tête et en agitant sa trompe avec virulence.

L’éducation positive vient à la rescousse de ces animaux privés de leur liberté en leur apportant sérénité et distraction. En leur proposant un entraînement répété et personnalisé, l’animal prend du plaisir à l’activité à laquelle il participe et peut exprimer à nouveau des comportements propres à son espèce. Le soigneur recourt souvent au clicker, un outil de travail très efficace pour renforcer un comportement souhaité, mais aussi pour travailler sur la gestion des stéréotypies. L’entraînement au clicker s’avère enfin d’une très grande utilité pour prodiguer les soins médicaux avec le consentement de l’animal ou encore pour rendre le nourrissage plus aisé. C’est aussi grâce à cette méthode que les spectateurs peuvent s’émerveiller devant un animal sauvage qui fait preuve d’une exceptionnelle docilité dans le cadre d’une animation pédagogique !

Crédit photo : yurkovska tanyastock.adobe.com

Catégories : Éducation canine

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